Les trois jours du chat
Auteur : Raymond Penblanc
Date d’édition : 15 mars 2019
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Format : 14×21 cm
80 pages
ISBN : 979-10-91365-66-6
PRIX : 11 EUROS
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On en parle et bien !
« Les gens vivent. Survivent. Végètent. Font semblant. Respirent. Ronflent en dormant. Balbutient. Grommellent. Boivent une tasse de Ricoré. Grignotent un morceau de fromage. Vident un verre de vin puis partent ou s’effacent, disparaissent. La mère, d’abord, Mam, que suit sans trop attendre Pap, trop fatigué, trop bougon pour ne pas à son tour passer l’arme à gauche au rez-de-chaussée d’une maison où le fils cultive sa solitude ronchonne au grenier. Le vieux meurt donc. À bout de souffle. On le lave. L’habille décemment. Le farde, le rafistole un peu avant de l’évacuer dans une boîte pas trop prétentieuse. Cérémonie sans manifestations intempestives, sans grandes orgues ni sanglots malgré la pleureuse de service, femme chargée du ménage qui balaie dans la cuisine les restes d’une humanité désormais superflue. Trois jours. Trois nuits et tout sera bouclé. Le lecteur ne sait pas au juste ce qu’il doit en penser mais, imperceptiblement d’abord, une sorte d’émotion le gagne, âcre, frottée de tendresse et qui bientôt le laisse au bord des larmes, si bien que ce lecteur ne lâche plus le livre, comprenant soudain qu’entre ces murs, sur les marches de l’escalier intérieur et la poussière qui recouvre les meubles, quelque chose comme du chagrin, ou de l’amour, macule de taches vaguement huileuses le papier peint dont des lambeaux entiers pendent des visages fanés, des sourires convenus, des cœurs et des mains rougies par la fraîcheur du soir. Pages rares. D’une tonalité singulière, sombre, teintée d’humour, mélancolique, Les Trois jours du chat, écrits dans une langue dont la haute tenue mêle tristesse et pudeur, conduisent mine de rien quiconque s’y aventure au sein des destinées les plus banales, qui s’éteignent, s’éloignent ou s’indifférencient dans la mémoire après avoir porté le « poids écrasant des morts qui [les] ont précédées ». Au terme de l’ouvrage, le narrateur ne « fait pas de manière ». C’est vêtu du manteau de pluie paternel qu’il éprouve le besoin de marcher au hasard des rues. Il faudrait être le dernier des misérables pour, discrètement bien sûr, ne pas vouloir l’accompagner. » Lionel Bourg
La lecture de Nikola Delescluses :